28 mars 2024

Entrepreneurs et freins a l entreprise

Que faut-il faire pour qu’il y ait plus d’entrepreneurs ? Je ne vais parler que des problèmes rencontrés par des créateurs d’entreprises de TPME ce qui est le cas de Brocanteo pour Nathalie, et je ne parlerai pas non plus des problématiques spécifiques de financement ou d’image, je serai axé sur comment aider les entrepreneurs, dans l’objectif de créer de l’activité et des emplois. Prenons le cas simple d’une personne en recherche d’emploi qui décide de créer son entreprise, sans salariés, avec ses propres moyens, une entreprise de services ou un commerce. Immédiatement les charges arrivent, alors que le chiffre d’affaires n’a pas commencé à arriver, lui. Pour qu’il y ait plus d’entrepreneurs, il faut se demander : Faut-il leur faire tout payer comme à une entreprise établie ou faut-il les aider ?

Comprenons nous bien : Dès le premier jour officiel (et même un peu avant – la pme à 1 euro n’existe pas), même si le créateur (quel que soit son statut) travaille jour et nuit sans salariés, sans locaux, avec tous ses moyens personnels et même si il ne verse pas de salaires, il doit prendre conscience que les charges commencent déjà à peser sur la viabilité de son entreprise. L’entrepreneur doit savoir que rien ne lui sera épargné. Et clairement tout les salariés qui analysent froidement leur fiche de paye comprennent que les charges c’est sérieux mais cela n’est qu’un bout du problème.

Afin de minimaliser les charges, 2 points ont été mis en place pour les créateurs qui étaient en recherche d’emploi : la continuité du versement des assedics si aucune rémunération (à distinguer du salaire, mais en clair si vous créez, ne vous versez rien, vous conserverez vos assedic) n’est versée et une aide globale à la création d’entreprise, non financière car elle exempte l’entreprise des charges patronales, peut être attribuée si un dossier spécifique (globalement un business plan) est constitué (parcours du combattant avec des problématiques de dates à bien prendre en compte) et surtout validé, il s’agit d’un dossier ACCRE – on ne peut l’avoir qu’une fois et il a fallu être chômeur (or un gérant ne peut avoir ces garanties). Ceci pendant une durée limitée (un an). Or au bout d’un an, tout commence donc à se déclencher. En France on aime bien ce qui est compliqué. Je ne fais pas le détail de ces taxes, mais il y en a une bonne liste…

Tout le reste est « taxé ». Tout le reste ? Normal ? Prenons un compte bancaire… Vous et moi avons des conventions de compte avec des frais de gestion très peu élevés. Pour une entreprise c’est tout à fait autre chose, normal vous êtes une entreprise… et cette explication vous allez la rencontrer dans plein plein de situations. Tout est donc un peu plus cher, tout est donc moins facile à appréhender. Essayez de faire un chèque pour acheter quelque chose sans avoir votre Kbis (la carte d’identité d’une entreprise) sous le bras, Kbis qui a une durée et une valeur. Vous ne pouvez pas imprimer vous même votre Kbis il faut le payer. je m’arrête là car pour le moment nous n’avons pas tout vécu mais rien ne semble facilité pour les petits entrepreneurs qui comptent leurs sous, or on sait que ces entreprises créent de la valeur et donc des emplois dans une multitude d’autres services ou entreprises. Plein de petits détails, plein de petits freins.

On peut bien sûr essayer de prévenir, de former, mais là il faut guérir.

si je devais retranscrire ce que je ressens voilà ce que je souhaiterai qu’il soit mis en place :

Au niveau national, l’état devrait envisager de modifier quelques règles.

  • Frais de création d’entreprise réduits véritablement à 1 euro. Les structures qui aujourd’hui sont des points de passage obligés pour faire payer une sorte de dîmes historiques, doivent être transformées en centre de conseils tournés vers les entrepreneurs, pour éveiller sans facturer, conseiller pour bien créer, ceci pour la première création par exemple ou lors d’un ralentissement d’activité. Accéder à un avocat ou un expert comptable devrait être un passage obligé inclus dans les frais de base.
  • Aucune charge patronale ne doit peser sur l’entreprise (un fond local ou national doit prendre le relais des versements des charges – ceci en temps réel et sur fournitures des justificatifs) lorsque les conditions suivantes sont remplies : pas de versement de salaires , pas de chiffre d’affaires du tout. C’est à dire qu’en cumulant les 2 on a des entreprises qui payent des charges quand elles fonctionnent. 2 cas de figure situation de démarrage ou situation de ralentissement d’activité. Dans la pratique on a surtout des entreprises qui arrivent à payer leurs charges mais pas les entrepreneurs qui doivent donc espérer faire des bénéfices plutôt que de créer des emplois.
  • Considérer créateurs (souvent un / de(s) gérant(s)) comme un salarié à part entière, (et le comptabiliser officiellement) notamment par l’existence d’un contrat de travail et non une restriction à la possibilité d’avoir des contrats de travail pour les gérants minoritaires. Cela veut dire qu’un gérant, un patron doit pouvoir attester de son travail (ce qui veut bien dire que l’on reconnaisse qu’il y a des patrons qui vivent comme des boulangers et non des jet setteurs) et bénéficier des mêmes droits qu’un salarié.
  • Considérer que les premiers emplois peuvent peser très lourd dans la viabilité de l’entreprise et donc exonération des charges patronales au maximum sur ces premiers emplois, notamment pour le cas de création d’emploi pour des demandeurs d’emploi.
  • Systématiser le parrainage d’entreprises établies vers les entreprises en création, de façon intelligente en fonction de la complémentarité des activités et des débouchés de l’un pour l’une et l’autre.
  • Enfin créer des espaces de dialogues sur les grands services pour permettre aux pme d’exprimer leurs besoins aux grands fournisseurs (par exemple banques, sociétés de logistiques, transports, énergie, emploi, formation…) et non travailler seul dans son coin
  • Peut-être porter une attention aux entreprises bénéficiaires sans salariés, de manière à ne pas pénaliser via l’impôt sur les revenus les entrepreneurs qui souhaiteraient enfin profiter de leurs bénéfices sans avoir eu d’autres revenus.

Au niveau local, les villes / départements / régions pourraient :

  • Favoriser l’émergence de chartes pour que les entreprises s’imprègnent et soit actives (sans frais administratifs) au niveau local, mais en considérant que ce sont des points gagnés par les entreprises en récompense des heures passées et que donc cela doit à un moment jouer dans le compte de résultat (autres exonérations).
  • Favoriser l’éclosion d’entreprises de services ou partenaires de services existants des structures locales, les localités doivent considérer le tissu embryonnaire d’entreprise comme des partenaires et non comme des électrons libres sources de revenus.
  • Favoriser l’attribution de locaux d’entreprise (et pas que bureaux) sous la forme de pépinières à frais véritablement réduits.
  • Favoriser la présentation des entreprises vers les autres entreprises et surtout vers la communauté
  • Créer des fonds constitués de parts des entreprises locales en échange de services à rendre à la ville ou aux citoyens
  • Créer des fonds de sécurité pour aider les créateurs et les salariés en cas de faillite ou de faiblesse de l’entreprise
  • Créer des passerelles entre les systèmes éducatifs locaux et les entreprises locales, le plus tôt possible, pour ouvrir l’entreprise au futur et à ses parents !

Au final les entrepreneurs auraient une autre image.

Jean-Louis Gassée (ex fondateur d’Apple France à une époque où tout était à faire – un succès et fondateur de Be, Inc pendant les années 90 pour créer un nouveau système d’exploitation – un échec, aujourd’hui chez Palm Sources et Venture Capital) disait qu’aux Etats Unis un entrepreneur qui fait faillite est intéressant parce qu’il a appris ce qui n’avait pas fonctionné, en France on pense que c’est un raté et qu’il ne faut plus lui faire confiance. Mais à quel prix devra-t-on considérer que sans « entreprise » il n’y a pas d’activité ? Entreprendre c’est prendre des risques, qui assure celui qui prend des risques, pourquoi augmenter les risques. Il faut alléger les risques, sécuriser l’après entreprise pour les salariés et pour les créateurs.

Article en réponse (?) à la question posée par Loïc le Meur où il y a de très bonnes réactions et aussi parce que je ne liste pas le nombre de clubs ou associations dont on reçoit des demandes de cotisation, le tout au bout d’un mois d’existence…

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2 réflexions sur « Entrepreneurs et freins a l entreprise »

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